La chanson viking du lundi #20 – Chanson pour Pierrot – renaud

D’habitude la chanson viking est assez simple, la plupart du temps c’est seulement une chanson que j’aime bien. Mais aujourd’hui ce sera différent. La chanson du jour est blindée de toutes mes émotions.

Quelques mots sur la chanson

Renaud est l’un des chanteurs français les plus connus, pour la bonne raison que c’est un grand parolier. Toutes ses chansons ont une significations profonde, correspondant à une période de sa vie. Chacun d’entre nous peut certainement en trouver une qui lui parle vraiment. Il est aussi très engagé politiquement.

C’est en 75, après avoir successivement créé un groupe, un groupement anarchiste, joué la comédie et chanté sur les planches du Café de la gare, chanté dans la rue (etc), qu’il sort son premier album « Amoureux de Panam ».

Chanson pour Pierrot est sortie dans l’album Ma Gonzesse en 1979. C’est le premier album ou Renaud nous parlera plus d’amour que d’engagement.

(Vous pouvez trouver l’album ici)

Pourquoi avoir choisi cette chanson

Il faut tout d’abord savoir que je ne suis pas quelqu’un qui exprime ses sentiments. Même si je me sens mal, je ne le dirai jamais si on me demande comment je vais.

Ce n’est pas de la mauvaise volonté ou un manque de confiance, c’est simplement que la plupart du temps je suis incapable de savoir ce que je ressens exactement. J’ai du mal à comprendre exactement ce qui ne va pas, du mal à mettre des mots sur mes sentiments. Il me faut du recul pour réussir à comprendre ce qui se passait dans ma tête à un moment donné, j’ai besoin de beaucoup de temps pour le ruminer.

Mais comme il faut bien que j’exorcise ce qui ne va pas, j’ai une thérapie: la musique. Si je suis toujours incapable de mettre des mots sur mes soucis, il y a toujours un artiste qui l’a fait avant moi. A défaut de décrire exactement ce que je ressens, la musique peut tout simplement m’aider à le faire ressortir et à mieux le comprendre.

C’est pourquoi j’ai écouté en boule Chanson pour Pierrot au moment de mon hospitalisation avant le déclenchement de mon accouchement.

Je n’étais pas prête à accoucher. Matériellement nous avions déjà tout préparé pour la venue de la petite viking. Mais paradoxalement, alors que j’avais hâte que cette grossesse source d’angoisses se termine, alors que j’avais hâte enfin de découvrir ma fille, de la prendre dans mes bras, je n’étais pas prête. Elle non plus.

J’avais peur de ce qui allait arriver. Je ne voulais plus de la rétention d’eau, des pieds plus que gonflés, de la tension trop haute, du stress, mais je voulais garder encore un peu mon bébé pour moi toute seule. Je n’avais pas eu l’occasion de profiter de cette grossesse, je n’avais pas pris le temps de l’apprécier, je n’étais pas prête.

J’avais aussi ce sentiment extrême de culpabilité. Ma fille ne grossissait plus en moi, quelque chose entre nous s’était brisé, j’avais l’impression que c’était ma faute, que je n’étais pas capable.

J’ai écouté Chanson pour Pierrot en boucle durant mes trois jours d’hospitalisation. Cette chanson m’a aidé à accepter un peu mieux le fait que ce soit une fin mais surtout le début d’autre chose. Elle m’a aidé à comprendre que ce n’était pas quelque chose qui s’arrêtait, mais plutôt une aventure qui commençait.

L’écouter c’était aussi la faire écouter à ma fille, lui dire qu’il allait falloir qu’elle vienne au monde, que je l’attendais, que nous l’attendions tous, alors que j’étais incapable de le lui dire moi-même.

C’est cette chanson qui a fait la transition entre la fin de cette relation à deux avec Papa Panique, à deux entre la petite viking et moi pour débuter notre vie à trois.

Maman Yuki