Avant d’être mère, je ne pensais pas qu’on puisse se sentir complice avec son bébé. Je savais qu’on l’aimait et qu’il nous aimait en retour, mais pas qu’on puisse développer une complicité. Avec un enfant qui joue et qui parle, oui, je voyais très bien, mais pas avec un bébé.

Puis je suis devenue maman

Et j’ai vu. J’ai vu d’abord l’amour incroyable que j’ai pour ma fille, dès le premier instant, avant même de la voir, dès son premier cri. J’ai vu comme je l’ai trouvée belle, maigre, mais tellement belle.

Et surtout j’ai vu son amour pour moi. J’ai vu son regard se poser sur moi pour ne plus me lâcher. Je l’ai vue lutter contre le sommeil pour me regarder encore. Je me suis vue faire pareil, ne pas dormir pendant 3 jours, juste pour pouvoir la voir encore un peu.

J’ai vu sa façon de se calmer instantanément dès qu’elle était dans mes bras. Je l’ai vue me chercher du regard dès qu’elle était dans les bras de quelqu’un d’autre, je l’ai vue ne regarder que moi.

Je l’ai vue être si attentive à ma voix quand je parle ou quand je chante. Je l’ai vue sourire dès que je viens la chercher dans son lit ou que je m’approche d’elle. Je l’ai vue me parler en gazouillant, m’écouter lui répondre puis recommencer.

J’ai vu ses doigts s’agripper aux miens quand je lui donne le biberon puis à mes cheveux ou mon collier quand elle voit que je veux la poser.

Je l’ai vue me repérer de très loin quand je viens la chercher à la crèche et son sourire se dessiner dès qu’elle me reconnaît.

J’ai vu son amour pour moi et toutes ces petites choses que nous ne faisons que l’une avec l’autre.

Et il y a ce moment

Le soir, avant le bain, ma petite viking se réveille toujours en avance. Alors je la prend avec moi dans mon lit. Et c’est ce moment là qui me montre notre complicité.

Parfois on crie toutes les deux, très fort et très aigu, mais elle y arrive mieux que moi.

Parfois elle lève les jambes très haut et rigole quand je fais pareil. Puis elle recommence et regarde si je vais faire de même.

Parfois elle me caresse le visage tout doucement, très calmement. Ou elle attrape mes cheveux ou mon collier. Des fois elle tire très fort dessus pour m’attirer contre elle et d’autres fois elle joue avec très délicatement.

Parfois on rigole toutes les deux, pour rien. Elle parce que ça la fait rire quand je rigole, moi parce que ça me fait rire quand elle rigole. Du coup ça peut durer longtemps.

Parfois je lui fais des bisous, des chatouilles, des caresses, des câlins. Elle sourit et se met à râler si je m’arrête.

Et parfois on ne fait rien d’autre que de se regarder droit dans les yeux, tout au fond des yeux, sans même se toucher.

C’est le seul moment où elle réussi à rouler sur le côté. Elle fait tous les efforts qu’elle peut pour se mettre face à moi. C’est aussi le seul moment où elle accepte de rester une heure au même endroit. Toutes ces petites choses, elle ne les ferait avec personne d’autre.

Ce petit moment rien qu’à nous, avant le bain, c’est celui qui me montre que j’avais tort. Ma petite viking n’est qu’un bébé, elle ne parle pas, elle ne joue pas, mais il y a des dizaines de petites choses qu’elle ne fait qu’avec moi, des petits rituels qu’elle connait bien et qu’elle affectionne autant que moi.

Maman Yuki