Il y a 10 ans, j’ai eu 12 ans


Nous sommes le 22 Décembre. A 11h30, ce matin, j’ai eu 22 ans. Il y a 10 ans, à 11h30, je venais d’avoir 12 ans. Et je passais ma dernière journée avec mon papa.

Je ne me rappelle pas de cette journée, ou presque. Je ne me rappelle pas des journées de maladie, ou presque.

J’ai préféré oublier. J’ai préféré me souvenir de ce et ceux qu’il aimait.

Il aimait la bonne musique. Le rock, principalement, mais pas seulement. Le jazz, le classique, un peu de tout en fait. Il jouait de la guitare, je trouvais qu’il en jouait merveilleusement bien. Aujourd’hui je me demande si il était aussi doué que je m’en rappelle ou si c’est simplement que pour moi, mon papa, ce héro, faisait tout mieux que tout le monde.

Il aimait ses amis. Il avait des tas d’amis, qui venaient régulièrement à la maison. J’adorais ces soirées à les écouter rire et discuter, sans tout comprendre, j’étais trop petite.

Il aimait les bons repas, remplis de gens qu’il aime. Il aimait bien recevoir et bien manger, passer des soirées à s’amuser, il aimait en profiter.

Il aimait la nature. Il m’emmenait à la pêche, cueillir des champignons, ou tout simplement me promener en forêt, dans les champs, faire des randonnées à la montagne. Il connaissait des tas de choses et il m’en a appris beaucoup.

Il aimait les animaux. Nous en avons eu plein, de toutes sortes, et j’adorais ça aussi. Même si je rechignais, l’hiver, pour aller l’aider à nourrir les lapins, j’aimais ces moments là.

Il aimait le théâtre, il jouait bien. Il était metteur en scène dans une petite troupe et j’aimais venir voir sa pièce à la fin de chaque année. J’étais si fière cette fois où j’avais eu un rôle, aussi petit soit-il, dans l’une d’entre elles!

Il aimait bricoler. Il avait un atelier avec des tas de choses dont je ne savais absolument pas à quoi elles servaient, mais que j’aimais observer. Il avait construit une cabane dans le jardin. J’adorais y jouer.

Il aimait les autres, en général. Je crois qu’il ne supportait pas l’injustice, qu’il aimait tendre la main. Il était un peu militant.

Il était un peu de gauche, « tellement de gauche » que la tête qu’il a fait quand il a appris les résultats du premier tour en 2002 est encore gravée dans mon esprit.

Il aimait rire. Il aimait faire rire. Je me rappelle de toutes les bêtises qu’il me racontait, de moi qui le croyais toujours au moins à moitié. Je me rappelle de tous ces moments où il m’embêtait, juste pour m’entendre dire en riant « Mais arrêteuh! »

Il aimait sa famille. Ses frères et sœurs, ses parents. Les repas de famille ont toujours été des moments formidables, chez nous.

Je crois qu’il nous aimait nous, ma maman, mes sœurs et moi, plus que tout. J’en suis certaine. Et on l’aime pareil.

Il y a 10 ans, j’ai eu 12 ans, c’est aujourd’hui. Demain, cela fera 10 ans que je me suis réveillée sans papa. Sans papa présent physiquement.

Mais j’ai un papa dans mon cœur et tout ce qu’il aimait, tout ce qu’il m’a appris, tout ce qu’il m’a transmis avec. C’est ça qui est important, au fond.

 

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28 réponses

  1. Mon normand avait 17 ans quand il s’est retrouvé sans maman…et des années après il se souvient et les traces sont là. Je n’ai aucun mots consolateurs juste des pensées positives pour toi et envie de te dire que tu as beaucoup de chances d’avoir au moins les souvenirs des moments heureux avec lui dans ton coeur. Biz V.

  2. Quelle bel hommage, quelle magnifique chanson, j’avoue qu’elle m’a fait pleurer. Ces souvenirs sont des trésors, garde-les précieusement. Mon papa à moi est toujours là, pourtant il est parti il y a bien longtemps, sans me laisser de trésors. Joyeux anniversaire tout de même ! Cyrielle

  3. Magnifique et tellement touchant. ;(
    En te lisant et en découvrant le portrait de ton papa j’ai l’impression que tu en es un très beau reflet au travers de tes sourires et rires, ta passion pour la musique, ta grandeur d’âme, le coeur sur la main. Il a fait de toi une très belle personne <3

  4. ce matin d’été, en quittant la maison, j’ai su que c’était son dernier jour. je n’ai pas osé faire demi- tour, tel à mon boss pour prendre congé. que lui aurais je dit « je sais que tu vas mourir aujourd’hui? », il m’aurait souri faiblement, me disant que tout allait bien et m’aurait renvoyé travailler. et puis j’avoue qu’accepter cette impression l’aurait rendue plus réelle alors j’ai voulu la contourner, l’enfouir bien au fond de moi… ce jour là je suis allée travailler et quand le téléphone a sonné à 13h33, malgré les dizaines d’appels précédents, j’ai su que c’était l’appel…. j’avais 25 ans. ce jour là je suis redevenue une petite fille qui perdait son papa…

  5. J’ai les larmes aux yeux… parce que tes mots me parlent, parce qu’ils me rendent nostalgique. Le 02 août ça a fait 3 ans que j’ai perdu mon papa… Nous nous apprêtons à passer un nouveau noël sans lui et c’est toujours aussi dur. Il faisait de magnifiques villages de noël dont il avait secret et décorait l’extérieur de la maison comme personne, c’était toujours la plus belle et la lumineuse de toute la rue. Mais voilà la lumière s’est éteinte mais heureusement pas dans nos cœurs… Merci de partager ces souvenirs avec nous… Joyeux noël à toi.

  6. Un très joli billet, un joli hommage et ces mots seront un beau cadeau pour ta petite viking qui souhaitera en apprendre davantage sur son grand-père, sur toi !
    Je t’embrasse ♥

  7. On ne se connait pas, on ne sait jamais vu et pourtant tes mots me touchent. Les yeux se brument et je repense à toutes ces personnes qui ont perdu un de leurs parents, à tous ces enfants petits, grand et très grand qui le garderont à jamais dans leur coeur.

    Parce que oui un papa c’est ça c’est tout ce que tu as écris.

    Tes sentiments sont sincères et c’est touchant. Un bel hommage ! Un bel article !
    Une grosse pensée d’un coin de la terre vers toi pour te dire que ta force en motiverait plus d’un à surmonter ces moments difficiles.

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