Quand l’alimentation devient un problème

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La petite viking est ce qu’on appelle communément un bébé « facile ». Elle a fait ses nuits tôt, dort bien autant la nuit que pour les siestes hormis pendant des périodes relativement courtes, pleure peu, est très calme, sors ses dents comme si de rien n’était, réclame beaucoup de câlins, s’adapte à toutes les situations.

Mais voilà, ce bébé parfait cache un secret, qui bien entendu ne la rend pas moins parfaite: elle ne mange pas le midi.

Comment se passent les repas?

En grandissant, la petite viking a connu beaucoup de problèmes d’alimentation différents. Après avoir réussi à boire correctement ses biberons, elles a commencé à les régurgiter, beaucoup, plus de 10 fois après chaque « repas ».

Ensuite, elle recrachait en même temps qu’elle buvait. Un quart du lait dans le ventre, les trois autres quarts sur le bavoir.

Puis nous avons démarré la diversification alimentaire. Au début, elle ne mangeait que quelques cuillères, mais c’était normal, tous les bébés font ça.

bébé mange de la purée

Mais elle n’a jamais augmenté les quantité de purée. Elle a eu une sorte de période monomaniaque où elle refusait tout ce qui n’était pas orange. C’était l’hiver, un bon point, elle mangeait de la courge, de la carotte, du potiron… Mais jamais de légumes verts, elle n’acceptait pas.

Ensuite elle a commencé à accepter tous les légumes, mais en très petite quantité. Nous nous sommes dit qu’elle n’était pas fan des légumes, tout simplement.

Mais elle a commencé à faire pareil avec la compote. Ces quantités acceptées ont commencé à diminuer, de plus en plus, de seulement la moitié du plat elle est passée à deux ou trois cuillères, jamais plus. Nous avons pensé qu’elle n’avait tout simplement pas très faim le midi.

Et depuis quelques temps, elle a totalement arrêté de manger le midi. Plus rien, plus du tout. Les autres repas se passent sans aucun soucis, mais le midi elle refuse complètement d’ingérer quoi que ce soit.

Et surtout, le point le plus important, elle ne refuse de manger qu’avec moi, sa maman. Quand je ne suis pas là, elle mange parfaitement bien, sans aucun problème.

Ce que nous avons essayé

Je ne pense pas trop m’avancer en disant que nous avons tout essayé. Pensant qu’elle était peut-être trop fatiguée, j’ai essayé de lui donner se repas plus tôt, puis plus tard pour qu’elle ait plus faim.

J’ai essayé de manger en même temps qu’elle, mais elle hurlait pour avoir ce qu’il y avait dans mon assiette et le refusait quand je me faisais la même chose qu’à elle.

J’ai essayé de la divertir, de lui chanter des chansons, de lui parler d’autre chose, de lui proposer un jouet, un livre et même son doudou en même temps qu’elle mange.

J’ai essayé d’inverser l’ordre du repas, la compote en premier, par exemple. J’ai essayé d’alterner une cuillère de compte et une cuillère de purée.

J’ai essayé de la descendre un moment de la chaise haute puis de revenir au repas plus tard, quand elle s’énervait.

J’ai essayé une première fois de lui donner des morceaux, pensant que la purée ne lui plaisait pas. Elle sortait les morceaux de l’assiette puis les remettait dedans, sans jamais les porter à sa bouche.

repas pour bébe en morceaux

Je lui ai à nouveau proposé des morceaux plus récemment, voyant qu’elle ramassait avec attention chaque petit morceau de gâteau qui tombait sur la tablette de la chaise haute au goûter. Ça n’a rien changé. Elle amenait les morceaux près de sa bouche puis se disait « non » de la tête à elle-même, comme elle le fait quand c’est moi qui lui donne à manger. C’est là que j’ai compris qu’il y avait vraiment un problème. Elle a envie, mais s’empêche de manger.

Bien entendu, tout ça je l’ai fait sans jamais m’énerver, sans jamais la forcer, je suis toujours resté calme et je n’ai jamais fait d’appréciation sur ce qu’elle avait mangé ou non.

Alors pourquoi l’alimentation est-elle si compliquée?

Pour comprendre le refus de manger de la petite viking, il faut remonter à sa naissance. Notre fille est née avec une pression reposant sur nos épaules autant que sur les siennes. Elle pesait 1,9kg, faisait des hypoglycémies, était extrêmement faible. Elle devait manger. Elle devait prendre du poids. Elle devait avoir de bonnes dextros.

Cette angoisse est arrivée en même temps que notre première rencontre. On a profité que j’étais descendue du bloc pour tenter de la nourrir en glissant une petite sonde remplie de lait à côté de mon petit doigt, qu’elle tétait.

De pression, son alimentation s’est transformée en ultimatum. Si elle ne prenait pas rapidement du poids, si sa glycémie n’augmentait pas, elle serait envoyée dans un autre hôpital et moi je resterais là, césarienne oblige et faute de place.

bébé boit son biberon

« Si tu ne manges pas tu seras séparée de ta maman ». Les mots n’ont pas été prononcés mais la réalité était celle-ci.

Alimenter notre bébé est alors devenu un combat. Chaque gorgée était une victoire. C’est d’ailleurs comme ça que nous mesurions ce qu’elle avait bu, pas en ml, mais en nombre de gorgées. « Elle a réussi à prendre trois gorgées, c’est génial! »

J’ai abandonné l’allaitement et c’était probablement la meilleure décision à prendre, réussir à téter au sein n’était qu’une pression supplémentaire, pour elle comme pour moi.

Toute notre vie s’est mise à tourner autour de la nutrition de notre fille et la sienne aussi. Nous la réveillions toutes les deux heures pour la faire manger, si elle se réveillait entre temps c’était un prétexte pour lui mettre un biberon dans la bouche, elle devait manger.

Il fallait l’empêcher de s’endormir pendant le biberon, l’encourager à chaque gorgée, chaque instant. Parfois nous lui donnions même le biberon pendant qu’elle dormait.

Une nuit elle a bu 40ml en un seul biberon. J’ai pleuré de joie. Pour 40 pauvres ml.

bébé boit son biberon avec maman

C’est notre relation entière qui s’est construite, les premiers temps, sur ce point. Il était à la fois tellement important et tellement compliqué de faire manger ma fille que ça ne laissait que peu de place à quoi que ce soit d’autres pendant les courtes et peu nombreuses périodes où elle était réveillée.

Je ne sais combien de fois, pendant ces quelques semaines d’angoisse, nous avons pu prononcer les phrases « Il faut manger », « C’est l’heure du biberon », « Tu as faim? ».

Mes angoisses sont restées malgré moi, malgré le fait que je sache que maintenant, le fait de sauter un repas n’est pas dangereux pour elle, que manger n’est plus quelque chose d’aussi vital, que ça devrait être un plaisir.

Manger est devenu un moyen de pression utilisé par la petite viking mais aussi une angoisse. Moins elle mange, plus je m’inquiète et plus je m’inquiète, moins elle mange. Et elle le sait.

Alors pourquoi seulement le repas du midi? Parce que c’est, à mon sens, le plus important de la journée, celui où il y a le plus d’apports différents: légumes, féculents, viande, matière grasse, laitage, fruits.

Ce que nous devons faire

Plus haut, je vous disait que nous avons tout essayé. C’est justement ça qu’il faut arrêter. Nous devons arrêter de tout essayer.

Partir du principe que si elle ne mange pas, ce n’est pas grave. Nous allons continuer de lui proposer son repas en morceaux, parce que ça nous rend moins acteurs de sa nutrition, c’est elle qui se débrouille.

Si elle ne mange pas le plat, nous ne lui proposerons pas la suite, sans faire d’autre remarque que « Tu n’as pas faim? Tant pis alors ».

Il faut nous sortir de cette spiral qui veut que nous souhaitions absolument qu’elle mange tandis qu’elle refuse la nourriture.

Nous n’allons plus manifester aucune angoisse sur le fait qu’elle ne mange pas. D’autant plus que nous avons la chance d’avoir une petite fille qui a toujours parfaitement suivi sa courbe de croissance, qui n’a pas de problème de ce côté là.

En espérant que ça change…

Et chez vous, les enfants ont-ils des problèmes d’alimentation?

signature maman yuki

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31 réponses

  1. C’est un trés joli témoignage! Et je suis plutôt d’accord avec toi sur le fait de la laisser faire à son rythme, et lui faire confiance. On impose beaucoup de choses aux enfants, par necessité. Pour la nourriture, je ne vois pas l’intêret de les forcer, tant qu’ils ne se mettent pas en danger bien entendu. Chez nous, bébé mange assez bien en général, sauf quand il fait ses dents, là il peut rester une semaine à ne boire que du lait. Ca me frustre bêtement, mais en fait, je m’énerve pour rien (intérieurement bien sur). Le reste du temps, il mange super bien ses purées et compotes, mais il n’aime ni les morceaux de légumes, ni les fruits crus, ni le poisson. Au début, ça me frustrait aussi. Mais j’ai compris que c’était idiot de vouloir le forcer. Je continue de lui en proposer de temps en temps, mais j’ai un plan B prévu s’il refuse ! J’ai été trop marquée quand on me forçait à finir mon assiette petite, alors que ni la quantité ni la qualité n’étaient adaptées à mon gout… ce n’est que mon avis, mais je crois que tu as raison de la laisser trouver son rythme 😉

    1. Non bien évidement je ne compte pas la forcer, c’est ce qu’il y a de pire pour bloquer un enfant! D’autant plus que son refus n’a rien à voir avec ce qu’elle aime ou non: elle refuse la compote le midi mais la mange très bien à d’autres repas…

  2. C’est toujours compliqué les repas avec les petits … d’autant plus quand son histoire est liée à la nourriture. Chez nous il y a eu des passages où les enfants ne mangeaient pas et au début j’angoissais mais finalement ça revient donc je ne me pose plus de question. En général si ils ne mangent pas à un repas il se récupère sur un autre. Bon courage !

    1. Oui, je lui en parle régulièrement, d’autant plus qu’on regarde souvent des photos de quand elle était plus petite toutes les deux et que je lui explique beaucoup ce qu’on voit sur les images.

  3. Hello.
    Ton témoignage est très touchant.
    Ici c’est la 2ème qui nous a causé le plus d’angoisse. Elle ne mangeait aucun fruit. Rien nada.
    Et bien on a juste abandonné l’idée de lui en faire manger.
    Maintenant a presque 9 ans. Elle mange des pommes des poires des fraises et du melon. On l’oblige à gouter 1 morceau quand on est a la maison et c’est tout. Parfois elle en reprend et parfois c’est le cirque.
    Courage pour cette épreuve. Il fait beaucoup de sang-froid et de zen attitude pour gérer ce genre de situation.
    Bisous

  4. Ici c’est mon mari qui était très angoissé par rapport à la nourriture, surement à cause de son histoire personnelle (c’était un enfant qui mangeait très peu, et ses parents ont aussi essayé tout ce qu’ils pouvaient pour le faire manger). Au final aujourd’hui, on est plutôt détendu par rapport à tout ça et on relativise beaucoup si des fois les filles ne mangent presque rien (ou même sautent un repas), mais on a de la chance, elles mangent plutôt bien et de tout.

    Je comprends que compte-tenu de votre histoire, ce soit difficile. Je pense que tu as raison d’arrêter de vous prendre la tête avec ça, d’autant plus qu’apparemment la petite viking est en pleine forme.

    Bon courage

  5. J’avais lu qu’il fallait temporiser le repas pour les petits mangeur : proposer l’assiette max 30min et si c’est pas fini, on range. Ils précisait aussi qu’il valait mieux avoir des horaires fixe pour le repas, pour leur donner des repères. Après, elle doit avoir un apport journalier, si elle n’a pas atteint ses objectifs sur la journée tu peux compléter le repas du soir avec le laitage ou le fruit refusé le midi. Je me suis beaucoup énervé sur ma fille (j’arrive pas à me contrôler 🙁 c’est pas bien) , du coup maintenant je passe le relais à papa quand je n’y arrive pas. 😉 Courage, ils testent régulièrement nos limites

    1. Elle a toujours eu ses repas à des horaires très régulier, malheureusement je pense que son refus de manger dépasse le simple fair de nous tester… Je passe aussi le relais au papa quand je le peut, mais ce n’est possible que le week-end 😉
      On va essayer d’évacuer nos angoisses, ça devrait s’apaiser!

      1. Si vous êtes détendus, elle le sera aussi. 😉 C’est plus trop la saison, mais la cueillette peut peut-être lui donner le gout de manger. Je redoutais les phobies alimentaires, je lui fait goûter tout ce que je prépare et comme elle est curieuse ça marche bien. De tout cœur avec vous, pour ce gros travail sur vous de maîtriser vos angoisses 😉

        1. Elle est un peu petite pour réellement participer à la cueillette en revanche je lui montre et fait toucher les légumes qu’on achète. Ça l’intéresse beaucoup, mais pas dans l’assiette!
          Merci à toi!

  6. Vraiment une situation des plus délicates à gérer… Cet entêtement n’est sans doute qu’une phase transitoire, pendant laquelle votre mission première sera de garder votre santé mentale. Bien d’accord avec toi sur le fait de lever le pied – il faut faire confiance à son instinct.

    1. Le problème vient justement du fait que ce n’est pas une phase, ça a toujours été comme ça (avec des « phases » de mieux, c’est à dire 7 cuillères au lieu de 2… Heum…).
      Mais il est clair que nous devons apprendre à lâcher prise 🙂

  7. Dur dur quand c’est comme ça :/ . Nous, on a stressé pas mal aussi vu que Chérichette rejette une bonne partie de ce qu’elle boit (et avec les remarques de mamie : « mais c’est pas normal qu’elle fasse ça » 😛 ). Mais heureusement la pédiatre nous a bien rassurés, et donc on en a pris notre parti, on fait juste beaucoup beaucoup de lessives de bodys 😛 . Et les purées tiennent mieux au fond de son estomac, ouf ^^

  8. Je me doute bien que vous avez exploré beaucoup de pistes, alors je vais peut-être dire une ânerie (mais des fois, les âneries, c’est un peu le principe du brainstorming, ça peut aussi faire « bing ! »), mais vous êtes certains qu’elle n’a aucun soucis d’intolérance alimentaire ou de RGO ? Je dis ça parce que ça ne se traduit pas toujours par des symptômes visibles ou très nets et que parfois, les bébés et tout-petits savent juste que « ça », bah « ça va pas passer ». M’enfin j’dis ça juste au cas où, hein !

    1. Je doute très sérieusement que ce soit ça puisque les autres repas se passent très bien, c’est seulement celui du midi qui ne passe pas… Ce qu’elle mange le midi (légumes, laitages, fruits, etc…) elle le mange aussi à d’autre repas, sans problème…
      Donc je pense que si c’était une intolérance tous les repas se passeraient mal 😉

  9. Pas simple mais elle se rattrape au repas suivant et je pense comme toi qu’elle sent vos angoisses, alors ta solution de lâcher du leste me parait bonne! Bon courage et reste zen! ça passera et de toute façon tant qu »elle grandit et grossit normalement c’est pas la fin du monde non? Biz et bon courage

  10. Voila un article que j’aurai pu écrire. Tu décris Marmotte presque à la perfection.
    Ici elle mangeait bien a la crèche et rien chez moi. Je pense que c’est pareil à la cantine mais la jai pas de retour.

    Dit toi que si elle ne maigri pas et qu’elle a de l’énergie faut continuer comme tu fais cest que tout va bien.

    « Mange » est le mot que l’on doit le plus répéter mais courage elles mangeront un jour. 😉

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